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FR - De quelle couleur...

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Literature Text

De quelle couleur est le ciel en temps de guerre ?

Présentation :
La scène ne se passe que dans un lieu, une pièce. Il s'y trouve une table, sur laquelle se trouvent des couverts pour manger, près du centre de la pièce, trois chaises, et un escabeau sur le fond -à droite- de la scène. L'escabeau représente la sortie de la pièce, c'est donc par là que les acteurs voient le ciel.

Il y a trois personnages, mais l'époque est indéfinie. Par conséquent, leurs habits doivent être accordés entre eux, mais peuvent venir de n'importe quelle période historique. A chaque fois qu'un personnage est seul en scène, il s'adresse directement au public.
Le Père
Erwan (en fauteuil roulant)
Lucille

Les actes correspondent à des journées.

Acte 1

Scène 1

Erwan : Ca faisait des jours, des mois, des ans que ça durait. Papa en est devenu le doyen de la ville, alors qu'il vient d'avoir cinquante ans. Des fois, il parle d'avant... Avant, les gens se disaient "bonjour" dans la rue, avant, c'était normal d'avoir cent ans, avant, on sortait dehors sans manteau et on risquait uniquement d'avoir un rhume.

(il traverse la salle en fauteuil, puis se tourne vers le public)

Erwan : Mais c'était avant. Et mon père est le seul à avoir connu "avant". Avant... ce mot mériterait une majuscule, à chaque fois que nous l'écrivons. Mais peu de personnes savent encore écrire : ça sert à quoi, d'écrire, puisqu'on n'est plus "Avant" ?

(il va vers la table et met en place les couverts pour quatre personnes)

Erwan : Mon père m'a donné un prénom. Mes rares amis, eux, n'en ont pas. Parce qu'on ne prend plus la peine de s'appeler, c'est comme écrire, ça ne sert plus à rien. Tout le monde s'appelle "hey", ou "toi là-bas". Moi, c'est Erwan, ma sœur, Lucille... Et mon père, il tient à se faire appeler "Papa".

(il va vers la sortie, puis crie)

Erwan : Debout ! C'est prêt !


Scène 2

(le Père et Lucille arrivent en s'étirant)

Le Père : Alors, avez-vous bien dormi ?

Erwan : Oui... Je ne me suis réveillé que six fois, cette nuit.

Lucille : C'est vrai que c'était une nuit calme... J'ai même réussit à rêver !

(murmure admiratif des garçons)

Erwan : Ca fait quoi, de rêver ?

Lucille : (avec un air gêné) C'est dur à expliquer...

Le Père : C'est quelque chose de merveilleux, d'imprévisible, et ça permet de mettre en place la Paix !

(silence)

Erwan : Euh... C'est quoi la Paix, déjà ?

Le Père : Est-ce que tu m'écoutes quand je t'explique des choses ? La Paix, c'est le contraire de la Guerre !

(ils vont se mettre autour de la table, une chaise reste vide, mais il y a des couverts devant)

Lucille : Donc, la Paix, c'est une utopie.

Le Père : Pas du tout ! C'est ce qu'il va arriver, la Paix !

(silence, Lucille semble avoir des choses à dire, mais n'ose pas contredire son père.)

Le Père : Une chose est sûre, Lucille, si tu penses que la Paix n'existera jamais, nos vies n'ont pas la même valeur.

(Lucille se lève, l'air vexé, puis quitte la salle à grands pas)

Lucille : Ca, c'est tellement évident que c'est même pas la peine de le dire.


Scène 3

Erwan : Je pense que tu l'as vexée. Mais je n'ai pas comprit pourquoi.

Le Père : Elle ne veut pas comprendre qu'un jour, il n'y aura plus de guerres nulle part.

Erwan : Elle a raison.

Le Père : Pourquoi dis-tu ça ?

Erwan : Parce que dès qu'on tient une arme dans sa main, on a envie de se battre, de tuer, de vaincre des ennemis. C'est la nature Humaine.

Le Père : Tu crois que si nous confisquons les armes aux Humains, il n'y aura plus de guerre ?

Erwan : Ben oui ! Sans arme, on peut plus se battre, donc plus de blessés, plus de morts, plus de gens tristes !

(silence, les deux semblent rêveurs)

Le Père : Tu penses qu'elle reviendra ?

Erwan : Oui, elle est juste allée faire la gueule dans sa chambre, tu sais qu'elle ne tient pas plus de cinq minutes, d'habitude !

Le Père : Je ne parlais pas de ta sœur, mais de la Paix.

Erwan : Ah ? Tu es encore sur ce sujet !!!

Le Père : Réponds-moi.

Erwan : Elle n'a jamais été là, comment veux-tu la voir revenir ?

Le Père : Nous avons déjà vécu la paix ! ... Avant.

Erwan : Et bien, à moins que des gens ne sortent dans la rue en armures et disent "nous allons vous confisquer vos armes", je ne pense pas qu'elle revienne.

Le Père : Tu sais très bien que personne ne va sortir pour prendre les armes.

Erwan : Alors le seul moyen qu'il y ait la Paix, ce serait que nous mourrions tous.

Le Père : Charmant futur que voilà.

Erwan : Il a le mérite d'être réaliste : personne ne s'arrêtera avant qu'un des camps ne soit exterminé.

Le Père : Mes pauvres enfants, vous devriez rêver plus longtemps...

(Lucille entre, se dirigeant vers l'escabeau)


Scène 4

Lucille : Excusez-moi, j'ai oublié quelque chose.

Le Père : Ah ! Oui ! C'est vrai : de quelle couleur est le ciel, ce matin, ma fille ?

(elle monte sur l'escabeau, puis regarde vers le haut, puis redescend)

Erwan : Alors, que se passe-t-il dehors ?

Lucille : Le ciel est rouge. Rouge sang... Avec une légère teinte orangée vers l'horizon.

Le Père : L'orangé, c'est la couleur que prenait le ciel, Avant, quand le Soleil se couchait... ou se levait.

Erwan : Je sais que je l'ai déjà demandé, mais... c'est quoi le Soleil ?

Le Père : C'est un disque rond dont la chaleur nous permet de vivre, de plus il nous réchauffe.

Erwan : Mais je ne l'ai jamais vu, alors comment peut-il nous réchauffer ?

Lucille : Il suffit d'y croire.

Le Père : Exactement ! Un jour, nous reverrons le Soleil !

Erwan : Mais si on le voit apparaître et que les gens ne savent pas ce que c'est ?

Lucille : Ce serait la débandade, et il y aurait une guerre pour contrôler le Soleil.

Le Père : Ne soyez pas si défaitistes !

Lucille : Réalistes, pas défaitistes.

Erwan : Nous n'avons vécu que la guerre, alors permets-nous de ne pas croire en tes utopies !

Le Père : Je vais vous ramener des images avec le Soleil !

Erwan : Ouais... et nous allons les reproduire en grand nombre, sortir avec et les distribuer, en même temps que de prendre les armes des gens.

Lucille : C'est bête comme idée... Les gens vont vous poignarder avant même que vous ne tendiez une seule image !

Le Père : C'est une merveilleuse idée, mes enfants !

Erwan : (bas, à Lucille) De quoi ? De se faire poignarder ? Je ne trouve pas...

Lucille : (bas, à Erwan) Moi non plus, mais laisse-le dans sa folie.

Le Père : Je vais amener la Paix avec le Soleil et le pacifisme !

(il sort de la pièce)


Scène 5

Lucille : Il est fou.

Erwan : Pas forcément. Je pense que je vais l'aider.

Lucille : Que penserait Maman de vous ?

Erwan : Pardon ? Pourquoi me dis-tu ça ?

Lucille : Vous avez une attitude particulièrement puérile, tous les deux !

Erwan : Pas vraiment. Je ne peux plus me battre, alors je vais essayer de faire la Paix.

(Erwan commence à jouer avec son fauteuil, roulant autour de sa soeur)

Lucille : En parlant de ça...

Erwan : Oui, je sais, tu ne crois pas en la Paix. Mais j'ai envie d'essayer !

Lucille : Je ne voulais pas parler de ça, mais de se battre.

Erwan : Ah ? Bon... Pourquoi ?

Lucille : Promets-moi de ne pas le dire à Papa !

Erwan : Hahaha ! Un secret ! Il faudra acheter mon silence !

Lucille : Ne fais pas le gamin ! Erwan !!!

(Erwan s'arrête de jouer avec le fauteuil)

Erwan : Bon... D'accord... Révèle-moi ton fameux secret.

Lucille : Je suis appelée à faire la guerre pour te remplacer.

Erwan : Hein ? C'est débile !

Lucille : Non, c'est ce que je dois faire, mes devoirs.

Erwan : Ils mont déjà prit mes jambes, alors comme je ne suis pas entièrement mort, ils veulent une partie de toi avec ?!?

Lucille : Tu y vas un peu fort ! Qu'est-ce qui te dit que je vais mourir ?

Erwan : Personne n'est revenu vivant de là haut !

Lucille : J'en reviendrai. Je te le promets. Ils m'ont permit de prendre un poste dans notre ville. Donc je reviendrai à chacune de mes pauses.

Erwan : Tu pars quand ?

Lucille : Après-demain, à l'aube.

Erwan : Et c'est maintenant que tu préviens ?

Lucille : Je ne voulais pas vous inquiéter trop à l'avance !

Erwan : Hum. Tu as réussit à me mettre dans une sale situation, celle du frère qui tombe des nues.

Lucille : Tu aurais préféré que je parte sans prévenir ?

Erwan : Non ! Bien sûr que non !

Lucille : Alors la discussion est close. Bonne nuit, petit frère !

(ils sortent tous les deux, bien qu'Erwan jette un regard noir à Lucille)


Acte 2

Scène 1

Le Père : Aujourd'hui, le jour se lève -du moins, je le suppose- en faisant un pas sur la paix. Effectivement : j'ai préparé des affichettes et des armures. Je sortirai pour faire la paix, tout à l'heure.  

(il met la table)

Le Père : Mes enfants connaîtront la lumière du jour, mes enfants pourront sortir sans craindre de se faire tuer, mes enfants sauront à quoi ressemblait le monde, Avant.

(il se tourne vers la sortie, puis crie)

Le Père : Le repas est servi !


Scène 2

Lucille : Qu'est-ce que tu comptes faire avec ces affichettes ?

Le Père : Les distribuer pour faire la paix.

Erwan : Je... Je veux bien aller les distribuer avec toi.

Le Père : Hors de question ! Je ne veux pas te mettre en danger.

Erwan : Mais il faut que la paix soit mise en place le plus rapidement possible !

Le Père : Pourquoi dis-tu cel...

Lucille : (le coupe) Dites-le si vous ne voulez pas manger !

(ils se dévisagent les uns après les autres, Lucille ordonnant à son frère de se taire en le fixant. Il se mettent à manger)

Erwan : Au cas où la paix ne viendrait pas, je vous aime tous les deux.

Lucille : (ton froid) Il n'y a aucun intérêt à ce que tu le dises, mais on t'aime aussi.

(regard inquisiteur du Père)

Le Père : Comment est le ciel, aujourd'hui ?

(Lucille se lève, contente de quitter la conversation. Elle monte à l'escabeau, puis annonce)

Lucille : Le ciel est vert. Vert acide... avec une teinte de bleu vers l'horizon.

Le Père : Le bleu est la couleur normale du ciel. Avant, c'était signe d'un beau temps, d'une belle journée.

Erwan : L'horizon... Toutes les bâtisses se font peu à peu détruire. Il n’y a plus rien qui ne tapisse le sol. Juste des hommes qui s'envoient à la mort.

Lucille : Les gens qui sortent ne s'envoient pas à la mort !

Le Père : Aujourd'hui, si : l'acide rongerait la peau des malheureux qui sortent à la surface.

Erwan : Aujourd'hui ou un autre jour, cela ne changerait pas grand chose : c'est du pur suicide !

Lucille : Non, puisque tu as réussi à redescendre.

Erwan : En y laissant mes jambes ? Est-ce que tu te rends compte de ta bêtise ?

Le Père : Je vais finir les armures, vous avez l'air en pleine discussion.

(le Père sort, et Lucille s'avance vers son frère)


Scène 3

Lucille : Tu as peur pour moi ?

Erwan : Je ne veux pas te savoir en danger. Reste avec moi.

Lucille : C'est touchant...

Erwan : Ce n'est pas une question de te toucher ou non ! Je veux vivre avec toi !

Lucille : Et moi je veux mettre une fin à cette guerre ! Et pour cela, il faut un vainqueur !

Erwan : Nous ne sommes pas près de le trouver, ton vainqueur ! Ils veulent du sang !

Lucille : Je leur donnerai ceux de nos ennemis.

Erwan : Pendant que je me rongerai les sangs en te sachant là-haut ? Tu ne redescendras pas, tu le sais !

Lucille : Quand bien même je ne redescendrais pas, j'aurais servi la justice. Jusqu'au bout.

Erwan : Mais elle n'existe pas, ta justice ! Peut-être que demain, tu verras tes alliés comme des monstres et tu ne pourras plus avoir la force de te regarder dans un miroir ! Comment peux-tu oser parler de justice ? Cela n'est rien, juste une idée ! Juste un mot qui n'a plus de sens depuis que deux armées tuent des innocents !

Lucille : Il y a plus que deux armées.

Erwan : Oui, c'est vrai : il y a tant et tant de gens qui ne se battent que pour eux-même ! Justice, honneur, cela ne veut plus rien dire ! Les gens ne vivent plus que pour la gloire !

Lucille : Non, bien sûr que non !

Erwan : Prouve-le moi ! Prouve-moi que tu ne sors pas pour la gloire...

(Lucille se lève, lui ébouriffe les cheveux d'un air maternel, sort, et se fait remplacer par son Père)


Scène 4

Le Père : Toi, tu as l'air tendu.

Erwan : Papa... J'ai quelque chose d'important à te dire !

Le Père : Et bien... dis-le.

(silence : ils se regardent, Erwan ayant la bouche ouverte)

Erwan : Lucille va...

Le Père : Elle va ?

Erwan : ... oublier de ranger le repas.

Le Père : Ce n'est pas grave, je le ferai avant de partir pour la surface.

Erwan : NON !

Le Père : Pardon ? Que t'arrive-t-il, Erwan ?

Erwan : Je... je... enfin, comprends que je ne veuille pas que tu sortes. La paix n'arrivera pas. J'ai vu tellement de combats, tellement de morts, je connais les soldats, ceux de la surface : ils vont tous penser que tu es leur ennemi et ils vont tous se mettre à te lyncher. Je ne veux pas apprendre ton corps pourfendu de diverses armes, par de divers pays, simplement pour la paix.

Le Père : Tu as une façon de penser très égoïste.

Erwan : Mais c'était Avant, qu'on était généreux et qu'on pensait aux autres ! Je veux vivre heureux avec ma famille, tant pis si je suis égoïste !!!

Le Père : Mon fils...

(ils se regardent de nouveau un instant, immobiles)

Le Père : Je remets ma sortie à... une autre fois.

Erwan : Merci.

(Erwan sort, laissant son Père seul un instant, jusqu'à ce que Lucille le rejoigne)


Scène 5

Lucille : Il va falloir que j'aille me reposer. Demain va être une journée importante.

Le Père : Si tu le dis... J'ai l'impression de chercher à installer une paix que personne ne comprend.

Lucille : Je la comprends, mais tes moyens ne sont pas les meilleurs, à mes yeux.

Le Père : Et quels seront les moyens qui fonctionneront ? Il nous faut une paix, un monde plus calme.

Lucille : Je pense que j'ai ma petite idée...

Le Père : Réellement ?

Lucille : Oui, mais... Tu la sauras bien assez tôt. Bonne nuit, Papa.

(elle sort, laissant le Père seul)

Le Père : Quelque chose m'échappe.

(le Père sort)


Acte 3

Scène 1

Lucille : Je m'en vais. Ils ne sont pas encore levés, les deux hommes de ma vie, ils ne se lèveront pas avant quelques heures.

(elle s'assoit)

Lucille : Et je suis seule. Seule avant... avant quoi, déjà ? Avant un départ qui ne changera certainement rien au reste du monde. Il n'y a qu'eux qui se souviendront de moi, et je pars en les blessant. Mon père qui ne comprend pas ce qu'il se passe, mon frère qui s'en voudra toute sa vie de ne pas avoir su m'arrêter.

(elle met la table)

Lucille : Suis-je égoïste, ou non ? Excellente question, n'est-ce pas ? Est-ce que celui qui est prêt à sacrifier sa vie et sa famille pour un peuple est considéré comme égoïste ? Tout est si difficile, si relatif, que cela me donne la nausée. Ce serait plus simple si l'homme ne prenait pas la peine de se justifier, de chercher à se montrer plus fort, plus honnête qu'un autre.

(elle se lève)

Lucille : Mais je m'en vais chercher la paix. Quelle que soit la manière de la trouver, que ce soit par les armes ou les manifestations, j'ose espérer ne pas être la seule à être utopiste.

(elle commence à grimper l'escabeau pour sortir)

Lucille : Aujourd'hui, le ciel est noir... Noir de la longue cape de l'Ange de la Mort. Le ciel est noir, peut-être nocif, mais je pars vers d'autres horizons, pour d'autres utopies. Plaise au destin que je revienne.


Scène 2

(Erwan entre, seul)

Erwan : Lucille ne nous a pas réveillés. Elle n'est pas là, assise à table. Elle a mangé, oui, d'accord, elle ne partira pas le ventre vide... Comment expliquer cela à mon père, maintenant que nous sommes seuls -à deux- ? Comment lui dire que c'est terminé, qu'il a perdu sa fille comme il a failli perdre son fils, que la guerre est une déesse horrible, dans son genre, que nous ne pouvons plus rien faire.

(il se met devant la table et commence à manger)

Erwan : Si j'avais pu marcher, ma sœur, je serais sorti, je t'aurais retrouvée. Et si tu n'avais pas voulu de mon aide, si tu n'avais pas voulu me suivre, m'écouter, retourner au fond de la terre dans notre petite cachette, je t'aurais tuée moi-même.

(il pose un silence)

Erwan : Mais je suis incapable de t'offrir la plus belle des morts lors d'une guerre : celle où l'on est tué par un de ses frères. A moins que tu ne comprennes que tous ces gens trop jeunes pour mourir sont aussi tes frères, en quelque sorte.

(il va vers l'escabeau)

Erwan : Non, je ne suis pas un incapable, pas un poids, je suis celui que je veux être, je suis ton frère, sois fière de moi : je te rejoins.

(il se met à grimper l'escabeau, mais son Père arrive, l'arrêtant dans son élan)


Scène 3

Le Père : Je t'ai écouté, je t'ai compris, je l'ai comprise. Mais par pitié, reste ici, avec moi. Elle reviendra.

Erwan : Non, bien sûr que non. Elle va se faire tuer, je veux mourir avec elle.

Le Père : C'est bien triste de se l'avouer, mais la vie continuera sans elle !

Erwan : Comment peux-tu dire cela de ta fille ?

Le Père : Ecoute, des deuils, j'en ai connus ! Tu crois que je ne suis pas ému de les voir partir ? Tu crois que je suis un être sans cœur ? Et ta mère, alors, tu penses que je n'ai rien fait pour la sauver ?

Erwan : Je m'en moque ! Je veux arrêter ma sœur !

Le Père : Non, c'est finit, tu m'entends ? Peut-être qu'elle sauvera le monde, mais une fois qu'elle est sortie, elle ne dépend plus de nous !

Erwan : Elle va mourir...

Le Père : Comme tant d'autres.

Erwan : Cela ne va rien changer à cette situation...

Le Père : Comme à chaque fois.

Erwan : J'ai peur...

Le Père : Comme moi.

(un silence s'installe entre eux. Erwan regarde le ciel)

Erwan : Le ciel est noir. Avec un teinte de ciel gris de pluie... Noir du deuil qu'il porte d'avance, pour tous ceux qui meurent pour une cause qui ne s'entend jamais.

Le Père : C'est bien, mon fils, tu comprends le problème de l'être humain : il n'arrive jamais à écouter les cris ses semblables...


FIN
Le titre entier est : "de quelle couleur est le ciel en temps de guerre ?"

Un de mes rares titres avec un point d'interrogation.

Ecrit l'année dernière, environ. Je ne sais plus très bien. Il s'agit d'une pièce de théâtre, un essai dans le genre, pour savoir si j'étais capable d'écrire quelque chose comme ça.

Attention : Le texte est un peu "sombre"...
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